Anahata Chakra nous invite à explorer deux choses : la relation que nous entretenons envers nous-mêmes et celle que nous avons avec le monde extérieur. Souvent, ces deux relations sont profondément corrélées : si j'ai confiance en moi, j'aurai plus facilement confiance en l'autre.

Pour trouver son équilibre, le coeur se doit d'être à la fois ouvert et vulnérable. Mais cette vulnérabilité doit aller de pair avec notre capacité à poser des limites, comme nous l'avons vu précédemment avec Manipura Chakra, car un coeur qui est trop exposé peut se briser facilement. De même qu'un coeur qui se protège trop devient de pierre. Il s'agit alors de trouver un subtil équilibre entre le fait de donner et de recevoir, de s'aimer soi comme on aime l'autre.

Selon une étude menée sur des tous petits avec des marionnettes, les notions de bien et de mal apparaissent chez l'enfant avant même l'apparition du langage. Un peu plus tard, notre empathie se développe. Quand un enfant d'un an ou deux voit un autre enfant ou un adulte se faire mal, il éprouve de l'empathie. Son premier geste va être de donner son propre doudou à la personne qui s'est blessée. L'enfant apporte la réponse qui serait appropriée pour lui/elle et non celle qui serait adaptée à l'autre. Encore un peu plus tard, vers l'âge de trois ans, l'enfant qui voit un adulte ou un autre enfant se faire mal, va apporter une réponse plus adaptée : il va faire un câlin ou donner le doudou qui appartient à l'enfant en souffrance. Je trouve ces études passionnantes parce qu'elles nous montrent qu'apporter une réponse adaptée à l'autre qui souffre ne va pas de soi.

Très souvent, on cherche encore à plaquer des réponses qui nous correspondent à nous plutôt que de laisser l'autre trouver sa propre solution ou de chercher avec lui ou elle cette solution qui lui appartient. En effet, il est tout à fait impossible de se mettre complètement à la place de l'autre, de voir le monde avec ses yeux. Par contre, on peut être réceptacle de sa souffrance. C'est pour moi la grande distinction entre empathie (se mettre à la place de l'autre) et compassion (souffrir avec). L'empathie est fondamentale pour nous permettre de comprendre quelles émotions se jouent chez l'autre, mais elle nous fait souvent interpréter des choses ou plaquer des solutions toutes faites. Parfois, elle nous "bouffe" carrément : on passe son temps à vouloir "sauver" les autres en s'oubliant complètement. Une citation que j'avais trouvée sur internet m'avait beaucoup marquée dans ce sens là. Elle disait : "on ne peut pas aider les autres, on ne peut que les aimer". La compassion, au contraire, nous invite à accueillir la souffrance de l'autre dans son altérité. Elle nous invite à rester dans nos chaussures, à respecter nos propres besoins, tout en tenant la main de l'autre et en étant à l'écoute des siens.